Campagne du référendum 2017

La campagne pour le référendum constitutionnel du 16 avril 2017 a commencé fin février pour les différentes formations politiques, partisanes du Evet – Oui ou du Hayır – Non. Durant cette période, la vision d’un slogan du Oui ou du Non est rapidement devenue un élément inévitable, tellement chaque rue, chaque axe, chaque place, s’est transformé en un théâtre d’affrontement entre les deux camps. Cette campagne a été caractérisée par l’omniprésence de l’AKP, son utilisation des ressources étatiques. L’opposition a donc dû faire campagne sur des terrains partisans non exploités par l’AKP afin de rivaliser avec le camp du ‘Oui’. En quoi le caractère asymétrique de cette campagne a-t-il déterminé la méthode et les actions des camps du Evet et du Hayır ? L’emplacement le plus politisé durant la campagne est le meydan (place principale) du quartier. C’est là que l’on retrouve le schéma classique de disposition des stands politiques. Les quatre partis présents au Parlement y sont constamment représentés : AKP et MHP pour le camp du ‘Oui’ ; CHP et HDP pour le camp du ‘Non’. On assiste alors à un duel. C’est au stand qui distribuera le plus de tracts et qui parviendra à réunir le plus de personnes, c’est celui qui parviendra à diffuser sa musique de campagne plus fort que les autres qui remportera la bataille. Contrairement à la rue et aux grands axes, le meydan des quartiers est marqué par la présence du quatuor parlementaire, et cela, en dépit de la couleur politique du quartier en question. Ainsi, à Bağcılar, un quartier où l’AKP a réalisé un score de 61 % aux élections de novembre 2015, le meydan a vu l’installation des stands de l’AKP, du MHP, du CHP et du HDP. Toutefois, dès lors que l’on s’éloigne de ces grandes places, on retrouve une tendance : un taux de présence de banderoles et affiches Evet ou Hayır calqué sur l’affiliation partisane du quartier en question. C’est le cas des quartiers de Beşiktaş, Kadıköy ou encore Sarıyer, traditionnels bastions du CHP, où l’on observe une domination de l’espace visuel par des messages prônant le Hayır. À l’inverse, dans des quartiers ou des arrondissements comme Fatih, Kasımpaşa ou Sütlüce c’est presque un monopole du Evet que l’on observe. Si les places constituent un espace important, la campagne visuelle va également se dérouler sur les grands axes. L’idée est évidemment d’atteindre le maximum de personnes. Sur ces grands axes, le spectacle est dans les airs. Les banderoles géantes sont accrochées aux ponts, flottent dans le ciel, occupent les espaces publicitaires ou bien masquent les façades gigantesques de certains bâtiments en construction. En s’éloignant de ces grands axes, dans des petites ruelles mois fréquentées, la présence visuelle de la campagne s’amoindrit largement jusqu’à même disparaître.