5 - Les fouilles de Zeyve Höyük-Porsuk et de Meydancıkkale-Gülnar
Françoise Laroche-TrauneckerUMR Archimède, Strasbourg
Les missions archéologiques créées sous la direction d'Emmanuel Laroche :
1. La mission de Zeyve Höyük-Porsuk
En 1961, après une journée dans le Taurus pour collationner l’inscription de Bulgarmaden, Emmanuel Laroche visite le musée de Niğde où on lui montre l’inscription hiéroglyphique découverte en 1960 dans les remblais de la route de Porsuk. Il rebrousse chemin pour voir le site de Zeyve Höyük et y retourne le lendemain. Convaincu de son intérêt, c’est plus tard, en tant que directeur de l’IFAI (aujourd’hui IFÉA), qu’il engage les démarches auprès des autorités turques pour y ouvrir une fouille française.
L’autorisation lui est accordée et il s’adjoint en 1968 la collaboration d’Olivier Pelon pour une première mission de sondages et de relevés topographiques. En 1969, il obtient d’importantes subventions du MAE (Ministère des Affaires étrangères français) qui permettent d’équiper la mission d’une Land Rover, et de matériels topographique et photographique. La direction de la mission est alors confiée à Olivier Pelon. Emmanuel Laroche séjourne cette année-là sur le terrain avec l’équipe d’Olivier Pelon. Ses passages sur le site seront plus courts en 1970 et 1971.
2. La mission de Meydancıkkale-Gülnar
En 1969, en compagnie de son fidèle ami turc Kemal Özbayrı, Emmanuel Laroche prospecte également en Cilicie Trachée. Il repère dans un annuaire local la mention de reliefs pouvant être hittites d’après les descriptions, sur un site inconnu jusqu’alors, dans les environs de Gülnar. Les époux Laroche se rendent aussitôt sur place et découvrent “Meydancık Kalesi”, ses fortifications monumentales et ses reliefs qui s’avèrent être perses.
Désireux d’y entreprendre des fouilles, Emmanuel Laroche convainc Raci Temizer, directeur du musée des Civilisations Anatoliennes, de co-diriger avec lui dès 1971 la mission franco-turque de Gülnar. Un de ses assistants du musée d’Ankara fouillera les édifices du Sud du site en 1971 et 1972.
En 1973, la mission de Gülnar devient française et bénéficie de subventions du Ministère des Affaires étrangères. Comme pour Porsuk, Emmanuel Laroche souhaitait confier la direction de la mission à un archéologue. Il fit appel à Jacques-Claude Courtois qu’il connaissait bien pour avoir collaboré avec lui sur la fouille de Claude Schaeffer à Ras Shamra-Ugarit. Jacques-Claude Courtois a mené les fouilles de 1972 et 1973 mais a renoncé à prendre la direction de la mission pour raisons de santé, ainsi que son successeur pressenti Christian Auger.
Emmanuel Laroche restant chef de mission mais ne se considérant pas comme archéologue, son activité sur le terrain n’était pas liée aux fouilles proprement dites mais consistait en travaux de restauration et de mise en valeur du site : remise en place ou rangement des blocs tombés, aménagement des cheminements entre les chantiers, construction d’une très grande rampe permettant d’accéder au site par son entrée fortifiée. Il confia en 1976 la fouille du secteur Nord à un jeune archéologue, Michel Wuttmann et en 1977 celle du Sud à Alain Davesne. Ce dernier découvrira en 1980 le “trésor de Meydancıkkale”, comptant 5215 monnaies d’argent, et deviendra directeur de la mission en 1985. La publication des travaux comprend deux ouvrages : Gülnar I et Gülnar II (A. Davesne et F. Laroche-Traunecker (éds.), Gülnar I, Le site de Meydancıkkale, ERC, Paris, 1998 ; A. Davesne et G. Le Rider, Gülnar II, Le trésor de Meydancıkkale, ERC, Paris, 1989).