BIOGRAPHIE D’EMMANUEL LAROCHE

(11 juillet 1914 - 16 juin 1991)

Françoise Laroche-Traunecker
UMR Archimède, Strasbourg

Emmanuel Laroche enfant vers 1924

Portrait de son père le pasteur Jean Laroche

Officier en 1939

À Clamart en 1940, en compagnie de sa mère et d'un cousin

La classe de Khâgne du lycée Henri IV en 1932

Chef scout chez les Éclaireurs unionistes en 1933

Avec son épouse Jane en 1958

Emmanuel Laroche est né le 11 juillet 1914 à Clamart, dans la banlieue parisienne, berceau de la famille de sa mère. Son père, le pasteur Jean Laroche, issu d’une lignée de pasteurs du Sud-Ouest de la France, enseigna les textes bibliques en grec, hébreu et araméen à la Faculté de théologie protestante de Paris. Très impliqué dans les mouvements de jeunesse, il y engagea son fils Emmanuel. Après des études aux lycées Michelet de Vanves et Henry IV de Paris, il est admis à l’École Normale Supérieure où il prépare l’agrégation de grammaire. Il fait aussi de nombreux voyages en Europe (Angleterre, Écosse, Hollande, Lituanie, Tchécoslovaquie) qui lui permettent de se perfectionner en anglais et en allemand.

Appelé à faire son service militaire à l’École de Saint-Maixent, il quitte l’armée en 1940, blessé à la suite d’une chute de cheval, au début de la Seconde Guerre mondiale.

Il enseigne au lycée de Chartres puis à la Faculté des lettres de Nancy. Ayant échappé à une rafle des professeurs de l’Université de Nancy en 1944, il épouse dans la clandestinité une de ses étudiantes, Jane Morel, et ils s’enfuient aussitôt en Dordogne où les parents Laroche avaient une maison de vacances. Là, ils sont faits prisonniers mais parviennent à s’échapper grâce à la complicité d’un officier autrichien. De retour dans le Nord-Est, à Châlons-sur-Marne, Emmanuel Laroche s’engage comme interprète dans l’armée américaine.

Ses centres d’intérêt apparaissent dès ses études secondaires : il prend, sur des cahiers d’écolier, des notes sur la langue gauloise et les alphabets orientaux. Il sera reconnaissant à ses maîtres, l’helléniste Maurice Lacroix, les linguistes Joseph Vendryès et Émile Benvéniste, ainsi que l’historien Eugène Cavaignac, de l’avoir encouragé lorsque, tout en soutenant une thèse sur le grec ancien, il préfère orienter ses recherches vers les langues anatoliennes. Il parle aussi avec admiration de son collègue linguiste Georges Dumézil et de l’assyriologue Jean Nougayrol, avec qui il a travaillé à Ugarit et qui est devenu un ami.

Voyage en Italie des professeurs de la faculté de Lettres de l'Université de Strasbourg, organisé en avril 1953 par Renzo Milani, également en poste à Istanbul dans les années 1960-1970

De 1946 à 1972, Emmanuel Laroche est Maître de conférences, puis Professeur de linguistique générale et de grammaire comparée à l’Université de Strasbourg. Les relations entre les enseignants, alors peu nombreux, des différentes disciplines de la Faculté des Lettres sont conviviales. Ils se retrouvent régulièrement au café, au restaurant ou plus loin à l’occasion de voyages, comme en Italie avec Renzo Milani .

Beaucoup de collègues de Strasbourg sont accueillis ou invités par Emmanuel Laroche en Turquie : Jacques Schwartz, Jean Leclant, Robert Schilling, Irène Mélikoff, Pierre Amandry, Gérard Siebert, Jean-François Bommelaer. D’autres l’ont invité à découvrir le Proche-Orient : Daniel Schlumberger au Liban et Edmond Frézouls en Syrie du Nord.

Directeur d’études à l’ÉPHÉ V (Section des Sciences Religieuses), de 1952 à 1972, Emmanuel Laroche y enseigne l’histoire des religions hittites et asianiques. La plupart de ses auditeurs les plus assidus feront une carrière en relation avec la Turquie : Muhibe Darga, René Lebrun, Hatice Gonnet, Émilia Masson et Lisbeth Franck (qu'il épousera en secondes noces en 1988).

En famille avec ses enfants en 1958

Les navettes régulières pour faire ses cours à Paris et les missions annuelles en Turquie ou en Syrie n’empêchent pas Emmanuel Laroche d’avoir une vie de famille avec son épouse et ses trois enfants à Strasbourg. Il les emmène régulièrement en vacances en Turquie à partir de l’été 1965, lorsqu’il devient directeur de l’Institut français d’archéologie d’Istanbul (Voir Emmanuel Laroche et l'IFAI. Le directeur dispose à cette époque d’un appartement au deuxième étage du bâtiment). Plus tard, ses enfants participeront également aux chantiers de fouilles de Porsuk ou de Gülnar (Voir Les fouilles de Zeyve Höyük-Porsuk et de Meydancıkkale-Gülnar).

Élu en 1972 membre libre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et nommé professeur au Collège de France en 1973, il s’installe à Paris en 1974. Il enseigne à la chaire de “Langues et civilisations de l’Asie Mineure” jusqu’en 1985.

Il décède le 16 juin 1991 à Montfort l’Amaury, dans la région parisienne.

En habit d'académicien en 1980